
La Bohème
Avant de se voir en haut de l’affiche, combien d’artistes ont connu la misère ? L’écrivain Henri Murger sait de quoi il parle lorsqu’il rédige ses Scènes de la vie de bohème, chronique d’une jeunesse qui peint des toiles ou trousse des vers dans d’humbles mansardes en attendant la gloire.
Mais la jeunesse, aussi pauvre soit-elle, n’a qu’un temps : Giacomo Puccini en a bien conscience, qui, en adaptant le roman de Murger, offre à son opéra La Bohème, créé en 1896, une musique poignante, débordant de nostalgie. En embellissant le passé, il donne d’autant plus de prix – celui de l’éphémère – aux amours du poète Rodolphe et de la grisette Mimi.
Cette nostalgie est précisément au coeur de la mise en scène de Claus Guth qui situe les personnages dans l’espace, comme pour mieux révéler la distance qui nous sépare des souvenirs.